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On balls and brains (performance)
> investigation: L'escamoteur: vers une écologie de l'attention
> textes: L’escamoteur: économie de l’illusion, écologie de l’attention
L’escamoteur, ou le crime envisagé
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Mundele Ye Uyu: L'escamoteur à Lubumbashi
En collaboration avec David Douglas Masamuna, Blaise « Pelos » Musaka,
Alain Nsenga, Daddy Tshikaya et Eric Kayembe
« Eblouissements – transformer le réel », 5e Biennale de Lubumbashi, RDC
Cur. Toma Muteba Luntumbue
7 octobre – 12 Novembre 2017
Cette micro-enquête menée à Lubumbashi, capitale de la célèbre région minière du Katanga en République Démocrtique du Congo, répondait à une invitation de la Biennale de concevoir une intervention en dialogue avec la société civile et la scène artistique locales.
Reprenant le fil d’une enquête que j’avais menée pendant plusieurs années sur L’Escamoteur de Hieronymus Bosch et les politiques de l’attention, j’ai pris le parti d’introduire l’escamoteur à Lubumbashi, comme l'irruption dans la ville d'une figure singulière permettant de stimuler le débat et collecter de nouveaux témoignages. Cette ancienne représentation d’un tour de passe-passe pratiquée dans la rue devait opérer ici en tant que « vanishing mediator » (dans une nouvelle compréhension du concept initial de Fredric Jameson). En tant que catalyseur, L’Escamoteur devait permettre de mobiliser des publics autour d’un nouvel objet capable de déplacer en partie les perspectives habituelles, avant de céder progressivement la place aux témoignages collectés et aux nouveaux assemblages produits.
Qu’est-ce qui capte, oriente ou détourne notre attention? Qu’est-ce qui apparaît et qu’est-ce qui disparaît dans notre environnement quotidien? Quels sont les forces qui organisent ces mouvements et dans quel but? Le séjour de deux semaines a débuté par une courte enquête, avec un programme d’une douzaine d’entretiens réalisé en collaboration avec le réalisateur David Douglas Masamuna, et avec l’aide de Blaise Pelos Musaka et de toute l’association Picha qui gère la Biennale. Ces entretiens ont été réalisés avec des journalistes, des enseignants, des artistes, des juristes, des étudiants, et un groupe de jeunes gens vivant d’activités de rue. Avec L’Escamoteur comme point de départ, les conversations ont souvent tourné autour des diverses tactiques d’arnaques de rue pratiquées dans la région (avec des boites d’allumettes, des cartes ou des pièces de monnaie), avant d’aborder d’autres formes de manipulation effectuées à une toute autre échelle – escamotage électoral, falsification de la mémoire historique, accaparement des ressources, sorcellerie et faux prophètes – mises en scène par la suite dans l'exposition.
L’installation rendait hommage aux « journaux pirates » circulant dans les rues de Lubumbashi. Alors que les journaux locaux officiels ne diffusent que des informations très sélectives et marquées par diverses formes de censure, ces journaux pirates se distinguent par leur positionnement extrêmement critique du régime. Si les récits qu'ils véhiculent sont largement fantaisistes, ils apparaissent ainsi comme des pourvoyeurs de désirs, davantage que d'informations. La familiarité de ces objets et leur ambivalence, ainsi que leur capacité singulière à capter l’attention avec leur graphisme sauvage, en faisait un format idéal à ré-investir. En collaboration avec l’artiste Alain Nsenga, nous avons ainsi sélectionné des extraits des entretiens réalisés et conçus 50 exemplaires de nos propres « journaux pirates » avec ce nouveau matériau. Les affiches couvraient un mur entier de l’installation, qui comprenait également un haut-parleur circulaire diffusant un montage sonore de ces fragments d’entretiens, ainsi qu’une table et un panneau noirs conçus par l’artiste Daddy Tshikaya. Sur la table étaient disposés divers objets tels que des gobelets de ferblanc, des pièces de monnaies et des boîtes d’allumettes, utilisés pour une démonstration de tours de magie par Eric Kayembe lors de l’inauguration. Sur le panneau, le public était invité à réagir aux témoignages parfois controversés qui était présentés, à y contribuer avec de nouveaux éléments et à reprendre l'enquête à son compte.
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Avec le soutien de la fondation Pro Helvetia
Le terril de Lubumbashi: peut-être son monument le plus célèbre
Eric Kayembe en pleine démonstration de bonneteau face à ses camarades étudiant.e.s, qu'il reproduira lors du vernissage