fr / eng

Mon éducation (The Exemplary Death of Marcus Licinius Crassus)

Swiss Arts Awards, juin 2006

CentrePasquArt – Kunsthaus Centre d'art, exposition "Aurum", Bienne, 2008

L'installation met en scène la mort "exemplaire" du général romain Crassus lors de sa campagne militaire en Mésopotamie. La légende, qui veut que les Parthes lui aient coulé de l’or en fusion dans la bouche pour le punir de son avidité, débouche ici sur une sculpture singulière: un système digestif en or, à la fois artefact historique improbable et commentaire sarcastique sur la fétichisation et la consommation de l’art. Une vanité qui voisine avec une série de dessins grotesques au chewing-gum, dressés au second plan comme un choeur de théâtre antique relayant menaces, insultes, mises en garde et mauvais présages.

Marcus Licinius Crassus est resté dans l'histoire comme l'un des personnages les plus méprisés de son temps: détenteur d'une richesse considérable acquise sans scrupules, vainqueur de la révolte des escalves menée par Spartacus en 71 av. J.-C., partie prenante du premier triumvirat formé avec César et Pompée et considéré, à ce titre, comme l'un des fossoyeurs de la République romaine. Cherchant à s'illustrer dans sa lutte pour le pouvoir par des victoires militaires, Crassus initie en 55 av. J.-C. une guerre extrêmement décriée contre l'empire Parthe, laquelle donne lieu à des manifestations de citoyens qui tentent d'empêcher ses armées de quitter Rome. L'échec humiliant de sa campagne en Mésopotamie lui coûtera la vie – ainsi que celle de son fils – et constituera la plus grande défaite militaire des Romains, à l'aube de l'empire.

>>

>

Vue d'installation, Bâle

> investigation: Seven Years (Mon éducation: 2005-2011)
> textes: Emilie Bujès sur Mon éducation
> Caroline Nicod sur The Exemplary Death of Marcus Licinius Crassus

Crassus ayant pénétré dans la Mésopotamie comme je l'ai dit, Orode lui envoya une députation en Syrie, pour se plaindre de cette invasion, et pour demander quelle était la cause de cette guerre.
Dion Cassius

A ces mots, un Parthe s'écria, en frappant de sa main droite dans la paume de sa main gauche: "Des poils pousseront là, avant que tu sois à Séleucie."
Dion Cassius

Telle fut la fin de Crassus: les Parthes, du moins à ce qu'on rapporte, versèrent dans sa bouche de l'or fondu, en l'insultant par des sarcasmes; car, malgré ses immenses richesses, il avait une telle soif d'en amasser de nouvelles qu'il plaignait et regardait comme pauvres ceux qui ne pouvaient, avec leurs revenus, nourrir une légion.
Dion Cassius


> sources: Dion Cassius, "Histoire romaine", Livre XL
Plutarque, "Les vies des hommes illustres", Tome III, "Vie de Crassus"

Les Romains assurent que cet amour des richesses était le seul vice qui ternît en lui plusieurs vertus; mais je croirais plutôt que, l'avarice étant son vice dominant, elle servait à obscurcir et à cacher les autres.
Plutarque

Ceux qui portaient au bout d'une pique la tête du jeune Crassus, s'approchant des Romains, la leur présentèrent, en leur demandant, avec une raillerie insultante, quels étaient les parents et la famille de ce jeune homme.
Plutarque

Atéius, ayant couru à la porte de la ville, met à terre un brasier plein de feu, et lorsque Crassus arrive il jette des parfums dans le brasier, y répand des libations, et, prononçant des imprécations horribles, il invoque par leurs noms des divinités étranges et terribles.
Plutarque